L’ordre du colibri

Nous avons créé un ordre monastique, tout à fait modeste vous imaginez bien.

Nos inspirations sont les Franciscains, car c’est l’ordre des Frères mineurs, et la Compagnie de Jésus, car nous avons goûté l’action des Jésuites en Amérique du Sud, en particulier à Misiones en Argentine.

C’est dire notre proximité avec le pape François. Il est Jésuite (ce qui est une première dans l’histoire de l’église catholique) et il a choisi son prénom en mémoire de Saint-François d’Assise. Et en plus il est Argentin !

Au fait, pourquoi un colibri ? Parce qu’il pratique le vol stationnaire, ce qui est reposant pour des bourlingueurs.

Un ordre religieux rassemble des hommes ou des femmes liés par des vœux solennels sous l’observance d’une règle religieuse.

Les ordres dits « contemplatifs », par exemple, cherchent l’union à Dieu dans une vie de prière et d’ascèse personnelle en retrait du monde, tandis que les ordres dits « apostoliques » cherchent l’union à Dieu dans le service des autres et l’engagement direct dans la société humaine.

Tous, moines ou moniales, prononcent des vœux qui désignent l’engagement public par lequel un homme ou une femme promet de suivre les préceptes d’une religion. Essentiel dans le christianisme, il en existe aussi dans d’autres religions.

Il existe ou existait des moines contemplatifs, des moines soldats, des prêtres ouvriers. Notre ordre est celui de moines nomades.

Notre ordre a ceci de particulier qu’il accueille moine et moniales.

Ce n’est pas surprenant car le colibri se nourrit du nectar des fleurs, en particulier l’hibiscus.

Il nous est parfois demandé: « Vous êtes moines et vous vous mariez ? Vous n’avez pas fait voeux de chasteté ? »

En fait, un jeune novice arrivé dans un monastère ami eut la tâche d’aider les autres moines à recopier les anciens canons de l’Eglise et les vœux de leur ordre. Or, il remarqua que les moines effectuaient leur travail à partir de copies et non des manuscrits originaux.

Il alla voir le père abbé, lui faisant remarquer que si quelqu’un avait fait une petite erreur dans la première copie, elle se propageait dans toutes les copies ultérieures.

Le père abbé lui répondit : « Cela fait des siècles que nous procédons ainsi, que nous copions à partir de la copie précédente, mais ta remarque est bonne, mon fils. »

Le lendemain matin, le père abbé descendit donc dans les profondeurs du sous-sol du monastère, dans une cave voûtée où étaient précieusement conservés les manuscrits et parchemins originaux. Cela fait des siècles que personne n’y avait mis les pieds et d’ailleurs, les scellés des coffres étaient intacts.

Il y passa la journée toute entière, puis la soirée, puis la nuit, sans donner signe de vie. Les heures passèrent et, l’inquiétude grandissant parmi les moines, le jeune novice se décida à aller voir ce qui se passait.

Il descendit et trouva le père abbé totalement hagard, les vêtements déchirés, le front ensanglanté, se cognant sans relâche la tête contre le mur de pierres vénérables.

Le jeune moine se précipita et demanda :

« Père abbé, que se passe-t-il donc ?”

« C’était Charité… c’était pas Chasteté !

Frère Tusitala